Psychanalyse aujourd’hui

La psychanalyse existe depuis plus de 125 ans. Heureusement, elle n’est pas restée immobile depuis lors. Depuis la découverte de Freud, elle a été soumise à l’analyse de nombreux autres grands penseurs qui ont chacun laissé leur empreinte. Aujourd’hui, la psychanalyse est un courant qui reconnaît et défend l’importance de sa théorie dans la pratique contemporaine. Des concepts de base tels que l’hypothèse de l’inconscient ont désormais trouvé leur place dans le domaine plus large de la psychothérapie et au-delà. Néanmoins, ces concepts ne sont pas toujours compris ni appliqués de la même manière. Dans cette série, j’aborde plus en détail les questions fréquemment posées, à partir d’une vision personnelle fondée sur dix ans de pratique libérale.

La psychanalyse est avant tout une technique qui démêle. Alors que Freud partait toujours de traumatismes concrets et démontrables, ce n’est plus une condition aujourd’hui. Cela a entraîné un changement radical au niveau de l’inconscient, qui a littéralement perdu de sa cohérence. L’idée qu’il existe un inconscient dans lequel les choses sont conservées est une idée qui suscite à juste titre des critiques. Cette interprétation illustre parfaitement le véritable problème : l’interprétation en tant que telle. Si l’on part du principe qu’il existe une conscience, on accepte qu’il y ait aussi quelque chose qui lui échappe, c’est tout. Ce qui suit est donc sujet à… interprétation. Un effet important de la psychothérapie psychanalytique est la reconnaissance et l’acceptation des choix subjectifs que l’on fait lors de l’interprétation.

L’hypothèse de base est la suivante : il y a quelque chose qui nous échappe. Ce que c’est exactement est, par définition, inconnu. À strictement parler, nous ne pouvons pas le découvrir, car il n’y a pas de vérité a priori donnée. Nous devons donc l’analyser petit à petit. En parlant, nous découvrons une marge d’interprétation de ce qui nous échappe comme quelque chose qui revient toujours au même endroit et se transforme en fixations (nouages) au niveau du sens (cela signifie ceci). Dans les cas complexes, ces nouages se traduisent par des symptômes. Les symptômes sont avant tout des constructions qui doivent nous aider à faire face à une réalité complexe, jusqu’à ce que nous commençons à en souffrir. Pour soulager les symptômes, nous allons commencer à parler en d’autres termes, démêler les liens (qui sont censés être temporaires) et actualiser nos interprétations.

Si l’on considère les choses sous cet angle, on constate que la psychothérapie psychanalytique a plus en commun avec d’autres orientations qu’on ne serait tenté de le penser au premier abord. Une différence importante réside toutefois dans la manière spécifique de s’exprimer propre à la psychothérapie psychanalytique. Cette manière de s’exprimer peut être comparée à l’enchaînement de mots et à la dissociation de leur signification fixe qui interrompt le « flux verbal », afin que quelque chose de nouveau puisse naître. Je m’arrête là pour aujourd’hui et reprendrai le fil la prochaine fois.